du don de soi...
j'avais une dizaine d'années quand j'ai annoncé à mes parents, au cours d'un déjeuner dominical, que je souhaitais être incinérée et pouvoir donner mes organes, si possible... oui, on parle librement de ces choses-là dans ma famille et j'ai toujours été très décomplexée concernant ma propre mort (certainement parce que je suis profondément athée)
à 16 ans, mon voisin de classe préféré me dit sur un ton léger que ses reins ne fonctionnent pas vraiment et qu'un jour il aura besoin d'une greffe. (il m'avait avoué être amoureux de moi dans une lettre mais pour moi ce n'était pas réciproque car je le considérais comme mon frère)je lui réponds sur le même ton que je lui donnerai un rein bien volontiers, qu'il n'aurait qu'à m'appeler le jour J!
10 ans plus tard, je fais un rêve: je suis dans la chambre d'hôpital de cet ami cher qui est mourant... une semaine après, ce garçon sonne à ma porte. nous sommes toujours restés en contact depuis le lycée, un amour profond nous unit mais nous sommes partis dans des directions différentes. cette fois c'est le bon moment, nous sommes prêts l'un pour l'autre...
7 ans plus tard, notre fils vient d'avoir deux ans. nous apprenons brutalement que l'insuffisance rénale de mon humain préféré s'est aggravée et qu'il faut s'inscrire sur la liste d'attente des greffes. doute, colère, rejet s'emparent de moi mais face aux délais et aux solutions proposés, j'aborde de front la question de la greffe par donneur vivant. des mois d'examens plus tard,il m'envoie un texto m'annonçant "nous sommes vraiment faits l'un pour l'autre": nous sommes compatibles et certaines de nos minuscules cellules sont même identiques!
8 mois après,il y a deux semaines,la date de la transplantation est fixée: ce sera le 30 juin.
mais ce dimanche,un dimanche de pont où les rues de Paris sont silencieuses,le téléphone nous réveille "dépêchez-vous de venir, un rein vous attend"...
le 10 mai 2009 et le parfum des glycines en fleur.
merci.